samedi 18 septembre 2010

Retour en arrière: écriture libre

Mardi, dans le train qui nous a transporté de Kiev à Lugansk, nous avons eu tous deux beaucoup de difficulté à dormir. Chantal en parlait dans un message antérieur. La lumière femée, les yeux complètement ouverts, les idées se succédaient dans ma tête à une vitesse incroyable. L'image des photos vues la veille dans les dossiers des enfants, le nom de la petite, ça fait combiende temps qu'on roule, les photos, est-ce qu'on fait la bonne chose (ici, j'avoue que je me posais cette question sachant très bien la réponse avant même d'avoir rencontré les enfants!), le nom de la petite, combien de bouteilles de vodka je peux ramener dans mes bagages, les photos...La vieille dame! À partir de ce moment, je ne sais pas pourquoi, il fallait que j'écrive à propos d'elle. J'ai maintenant le désir de vous partager mes pensées de ce soir-là. Simplement. Bonne lecture et nous reviendrons ce soir avec le résumé de la journée.

Ludo

14 septembre, presque 15
Nous sommes dans le train en direction de Lougansk, à l'extrême est de l'Ukraine. Il y a maintenant environ deux heures que j'essaie de dormir, mais tout va trop vite dns ma tête. Je viens de repenser à cette vieille dame de l'ancienne génération, le foulard sur la tête, dans la petite cabane à l'intérieur du bloc, au pied de l'escalier menant à notre appartement, le 11 rue Mikhailovskaya, à Kiev.  Une dame qui, malgré son air bête, est réconfortante juste par sa présence et son allure classique. C'est elle qui surveille les allers et venues dans le bloc. Elle décide qui entre en pressant le bouton. La première fois qu'elle m'a vu seul, sans Anna (l'interprète qu'on avait au début du voyage), elle m'a quesionné dans sa langue comme si je n'étais pas supposé être là, avant de me laisser monter. Hier matin, elle nous pratiquement chicané parce qu'on voulait prendre l'escalier. On a pris l'ascenseur... On ne discute pas avec une dame de la vieille génération qui a vécu la Deuxième Guerre et peut-être même la Grande Famine. Cet après-midi, quand je suis allé lui remettre la clé de l'appartement, elle m'a semblé très différente. Elle a poussé sa porte cavalièrement, comme pour ne pas me faire attendre. Je lui ai tendu la clé et elle m'a regardé dans les yeux en me parlant dans sa langue. Mais cette fois, ça me semblait positif, plein d'espoir.  Des mots d'encouragement peut-être...Qui sait? Je ne la reverrai probablement plus, mais elle m'a laissé quelque chose. Je ne sais pas quoi.

2 commentaires:

  1. Cher Ludovic,
    En espérant ne pas te décevoir (blague), que je me reconnais donc dans tes réflexions d'aujourd'hui! Quand je voyage, souvent ce sont ces petites rencontres, anodines en apparence, qui me marquent le plus. Les senteurs,aussi, des bruits, des voix. De mon premier voyage en France, en 1969, je me souviens de la Madame Pipi d'un édifice à Paris : elle, elle surveillait les toilettes, distribuait le papier,... Gare à ceux qui oubliaient le pourboire! Dans une petite rue, près de l'Opéra, j'ai entendu un enfant pleurer, quatre ou cinq étages au-dessus : cela m'a fait quelque chose — je ne sais pas quoi — et je n'ai pas été parlable du restant de la journée! À ton retour, je te prêterai le roman d'Anna Gavalda, « La Consolante ». C'est l'histoire d'une surveillante d'immeuble, comme ta vieille dame, et de ses relations avec ses habitants, dont une petite fille.
    C'est beau, cette sensibilité aux petites choses. Philippe Delerm en parle bien dans « La première gorgée de bière ». Tu aimeras : c'est pas long à lire!
    Allez, je te laisse. Je dois faire entrer Anabelle et Gédéon. (8 h)

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  2. C'est avec un intérêt soutenu que j'ai lu ton message. C'est si bien raconté, qu'en fermant les yeux,je vois cette vieille dame et je comprends ce qu'elle a pu déclenché chez toi. Continue d'écrire et je continuerai de te lire.
    Ta mère préférée

    Fernande

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