mardi 21 septembre 2010

De surprises en surprises

Aristote disait que la surprise est l'épreuve du vrai courage. Quand nous regardons objectivement notre dernière année, nous réalisons à quel point nous avons été courageux. En effet, notre vie est remplie de surprises ; parfois bonnes, souvent mauvaises. Mais ces surprises solidifient notre couple et nous apprennent à garder le sourire. Et le sourire, nous en avons eu grandement besoin ce matin...

Arrivés tôt à l'orphelinat pour amener les enfants au laboratoire pour les analyses sanguines, la directrice nous a expliqué que la télévision viendrait nous interviewer en l'honneur d'une fête qui se tiendra le 30 septembre à l'orphelinat pour les adoptants et la directrice. Surprise ! À ce moment précis, je me suis félicitée d'avoir découragée Ludovic d'enfiler son chandail de Superman ce matin. Bref, c'est alors que nous nous sommes docilement rendus dans la grande salle où, avec les enfants, nous avons été filmés et questionnés. Le tout s'est bien déroulé, mais les enfants étaient figés. Nous avons profité de l'occasion pour vanter notre agence et l'orphelinat qui, à nos yeux, font un travail superbe ici en Ukraine. Nous aurons peut-être une copie de cet extrait d'entrevue après le 30 septembre...

Cet événement médiatique passé, nous nous sommes dirigés vers le laboratoire. Le parcours en auto s'est avéré des plus longs et il faisait si chaud. Arthur, du haut de ses 82 cm, suait abondamment. Toutefois, il a été sage. Lorsque nous sommes descendus de la voiture, la petite a vite compris que nous n'étions pas à la maison. Surprise ! Elle a commencé à nous demander, piteusement, si elle allait être piquée... comment mentir sans mentir ? Comment éviter de décevoir et de faire mal à nos enfants quand on sait pourtant que le geste posé l'est pour leur bien ? Elle a pleuré, crié, mais une fois terminé, le visage complètement mouillé, elle est allée se réfugier dans les bras de papa. Le retour à l'orphelinat s'est très bien fait. Il me semble que c'était moins long... peut-être est-ce dû au fait qu'il faisait moins chaud. Après une bonne banane, quelques crachats de raisins avec pépin (maman avait mal regardés), il a commencé à doucement s'endormir. 

Mais hop! L'arrivée à l'orphelinat ne s'est pas fait sans surprises... Eh non, à notre sortie de la voiture nous attendait une vieille dame qui a tendu les bras vers notre petite. Babouchka ! Quelle surprise ! La grand-maman voulait nous rencontrer afin de s'assurer que les enfants partiraient avec de bons parents. Elle était très inquiète. Ce sont après tout ces petits-enfants mais elle sait fort bien qu'elle n'a pas les moyens de prendre soin de ces deux trésors. 

La rencontre a été forte en émotions. Elle était accompagnée de sa fille, la tante des enfants, la maman biologique étant décédée. Nous lui avons présenté la maison et notre famille via l'album photos. Et tout bonnement, les yeux mouillés, elle m'a regardé et m'a dit : "Maintenant, tu es ma fille". J'en ai eu le souffle coupé. Cette femme à qui j'enlève ces petits-enfants, ces trésors, venait de m'adopter. Elle me parlait à l'oreille. Je ne comprenais aucun mot de ce qui m'y était soufflé, mais chacun de ceux-ci étaient doux et remplis d'amour. Du bout du monde, en un rien de temps, ma famille venait de s'agrandir et je ressentais l'amour que ma propre fille avait dû ressentir quand, moi-même, je l'avais choisie. 

Cette rencontre inattendue m'a comblée de bonheur. Nous avons échangé nos adresses et nous l'avons assurée que nous garderions contact. Elle nous a confié qu'elle ne dirait jamais aux enfants que nous ne sommes pas leurs parents biologiques, mais qu'elle tenait à ce qu'ils sachent qu'elle est leur grand-mère. Nous l'avons rassurée en lui disant que nous souhaitions que nos enfants connaissent leur vraie histoire : ces enfants sont tout simplement privilégiés. Ils auront une maman biologique ainsi qu'une maman et un papa de coeur. Elle nous donnera donc une photo de leur maman biologique et d'eux lorsqu'ils étaient plus petits. Cette aventure prend une tournure qui, au début, semblait plus qu'utopique... Nous adoptons des enfants, mais ceux-ci conservent leurs racines ukrainiennes bien ancrées. Quand, au coeur de l'adolescence, ils chercheront leur identité, nous aurons les outils pour les accompagner dans cette quête. 

Vous ai-je aussi mentionné que nous irons les visiter chez eux d'ici la fin de notre voyage à Lugansk'? Ils nous ont généreusement invités et nous avons, bien entendu, accepté leur invitation. Outre le fait de passer plus de temps avec la famille des enfants, Ludovic est ravi de pouvoir manger des mets typiquement ukrainiens.

Jean-Philippe Blondel disait qu'il faut avoir confiance dans les surprises de la vie et, après cette matinée remplie de rebondissements, nous ne pouvons qu'y acquiescer. La vie prend ici la forme d'une balance et, pour compenser nos mauvaises surprises, voilà que viennent s'ajouter des surprises aussi belles qu'inattendues.

À l'instar de notre journée, nous vous partageons quelques clichés pris par surprise... en fait, la surprise vient surtout du fait, qu'en fin de journée, nous avons réalisé que seule la chasse aux marrons de Arthur avait été captée avec la caméra. Donc voilà ce que nous vos présentons, ça et la seule photo de la cocotte cet après-midi.  

Я вaс люблю (Ya vas lioubliou),
Chantal 

2 commentaires:

  1. Woooow! Quelle belle histoire. C'est vraiment magnifique de pouvoir garder le contact avec la grand-maman naturelle des enfants. En effet, ils auront réponses à leurs questions et pourront n'auront pas de difficulté à connaître leurs histoires et leurs racines. Vous vivez toute une aventure!
    Bye bye
    ton amie Christine

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  2. Fernande et Roland22 septembre 2010 à 06:29

    Avant de lire ce commentaire, nous aimerions que vous alliez lire celui que nous vous avons envoyé sur « Son prénom sera... » Puis revenez à celui-ci. Merci!

    Cela n'a pas de bon sens!
    Réalisez-vous la chance qui vous comble?
    Nous sommes tout simplement soufflés.
    Encore plus, aujourd'hui, vous avez toutes les raisons de vous admirer mutuellement et de recevoir toute l'admiration des gens qui suivent vos péripéties.
    Il faut beaucoup d'amour, de maturité, de confiance en soi et de sens du partage pour accepter de faire ce pas vers la grand-maman et la tante de vos enfants. Imaginez l'image qu'ils auront de vous lorsque vous leur rappellerez cette rencontre! Cet événement est de ceux qui tissent des liens inséparables. Dorénavant, vous ne serez plus les mêmes : vous venez de redécouvrir combien vous êtes bons.
    Arthur et Émilie récoltent déjà, au jardin de vos cœurs, des fleurs uniques au monde.
    Nous terminons en citant une phrase de Philippe Chatel, auteur du conte musical « Émilie Jolie », inscrite sur la pochette du disque :
    « Faites que le rêve dévore votre vie, afin que la vie ne dévore pas votre rêve ».

    Fernande et Roland

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