Et si le destin nous souriait...

Le destin... certains y croient d'autres non. Pour ma part, j'ai toujours cru à une certaine synchronicité de la vie ; une synchronicité qui fait en sorte que deux être se rencontrent à un moment précis et non à un autre. Une sorte de hasard heureux qui met sur notre chemin la bonne personne au moment jugé opportun par la vie, le destin, qui sait. Tout ce que nous savons, c'est que cette synchronicité nous a fait rencontrer ces deux petits êtres qui ont su conquérir nos coeurs.

Touchés par ce destin, nous nous sentons portés depuis quelques jours, comme si toutes les embûches qui nous surplombent habituellement avaient, comme par magie, disparues. C'est donc dans cet esprit que notre septième journée a débuté.

Tôt ce matin, nous avons amené Anastasia à l'hôpital afin de prendre des radiographies de ses hanches. Elle était mignonne toute vêtue de rose. Le voyage s'est bien déroulé. C'est une petite fille bavarde. Elle placote et placote sans arrêt et c'est une vraie conteuse : intonation et gestes inclus ! L'une de ses histoires a duré 8 minutes.

Lors de la première séance de radiographies, elle a pleuré et, n'étant pas avec elle, nous ne pouvions qu'espérer, le coeur serré, que cela se terminerait rapidement. Lors de la deuxième séance, Ludovic l'a accompagnée et tout s'est bien passé. 6 $ et aucune attente plus tard, radiographies en main, nous traversions la rue pour aller consulter un spécialiste sans rendez-vous. Nous avons été vus immédiatement. Le médecin qui a examiné la petite était très attentionné. Il a parlé doucement à Anastasia tout au long des tests qu'il lui a fait passer. Il a étudié les radiographies et ensuite, il nous a invités à lui poser toutes nos questions. Ces dires ont confirmé les informations que nous avions obtenues du médecin de l'hôpital Shrinners à Montréal, du chirurgien qui l'a opérée en avril dernier et de la pédiatre qui l'avait osculptée hier. Les pronostics sont excellents. Après ses deux opérations aux hanches, elle marchera. Son syndrome n'est en aucun cas dégénérateur et aucune ostéoporose ne pourra se développer. Les muscles de ses mollets, aujourd'hui atrophiés en raison de la non-stimulation, se développeront normalement quand elle commencera à marcher. Il a d'ailleurs été fort impressionné par le fait qu'Anastasia faisait déjà quelques pas. Ceux qui m'ont connue jeune sauront le type d'opération qu'elle devra subir. Eh oui ! Anastasia et moi sommes nées avec le même problème aux hanches, soit la luxation et elle devra subir la même opération et devra porter le même type de plâtre que moi. N'est-ce pas un drôle de clin d'oeil du destin ?!?

Au grand désarroi de Ludovic, il nous a toutefois mentionné qu'elle ne pourrait malheureusement pas faire du sport de haut calibre : alors adieu le rêve de la voir fouler les terrains de tennis du Grand Chelem. Ici, le destin n'a pas joué en faveur de Ludo...

En dépit de cela, nous avons décidé de poursuivre le processus d'adoption auprès de ces deux petits trésors. Nous serons donc, si tout se déroule parfaitement, les parents de Arthur Ruslan Paré et de ... une petite cocotte pour qui nous n'avons pas encore choisi de nom, mais cela viendra. Il y a tellement de noms qu'elle porterait à merveille. Nous vous présentons donc nos futurs enfants :

Lors de notre rencontre de l'après-midi, Anastasia était en pleine forme. Nous avons fait des bulles à l'intérieur et, ensuite, nous sommes sortis dans le parc, à l'arrière de l'orphelinat. Elle a beaucoup joué avec Ludo. Pendant ce temps, je tentais d'apprivoiser, par le ventre, notre cher Ruslan. Dès son entrée dans la salle de jeux, à l'intérieur, il a fait demi-tour et il a rebroussé chemin. Aucunement question de venir passer du temps avec les deux étrangers rencontrés la journée d'avant. La nanny l'a ramené et il a observé de loin nos jeux avec Anastasia. À l'extérieur, je l'ai approché avec une orange. Niet ! Je n'étais pas au bout de mes ressources. Le sac plein de jouets et de victuailles, j'étais prête. J'ai donc sorti une pomme. Il a pris un morceau. Pendant les 15 minutes qui ont suivi, nous avons simplement mangé notre pomme commune, l'un à côté de l'autre. Et tranquillement, il a accepté le camion que j'avais innocemment déposé près de lui, il a accepté mon doigt pour faire quelques pas dans le parc et nous sommes allés dans le sable jouer avec Anastasia. Et alors, il s'est ouvert. Jouant avec les bulles, le sable, faisant des bruits et, finalement, un sourire qui fut suivi de plusieurs autres. Quel beau cadeau !

Nous sommes conscients que ces enfants ne parviennent qu'à s'attacher à un adulte à la fois. Ludo crée le lien plus fort avec Anastasia, tout simplement car c'est lui, avec tous ses muscles, qui la porte dans ses bras le plus souvent. Pour ma part, j'investis un peu plus Ruslan. Et tranquillement, nous créerons le pont avec l'autre parent.

Ce soir, nous avons fait une épicerie qui, pour nous, nous semblait normale considérant le fait que nous sommes ici pour trois semaines au moins. À la sortie, la gérante du magasin nous a remis une carte rabais puisque nous avions dépensé beaucoup chez eux. Nous étions bien étonnés.

Voilà pour aujourd'hui, nous allons nous coucher. Ça a l'air de rien, mais nos deux petites boules d'énergie nous ont vidés. 

Paka Paka !

Chantal et Ludo