mardi 12 octobre 2010

Quatre jours en quelques étapes

Lundi, 23h09, Lugansk, quelque part en Ukraine
Bonsoir,

Il y a déjà quatre jours que nous ne vous avons pas donné de nouvelles. Nous avons beaucoup ET pas beaucoup à dire. Le train-train quotidien s'est installé, mais il y a quand même certains événements intéressants qui méritent d'être soulignés. Les voici sous forme de liste, probablement en ordre chronologique:


 

Un ordi sur Skype, l'autre sur le match!

1- On est fan ou on ne l'est pas! Dans la nuit de jeudi à vendredi, j'ai eu l'immense plaisir de regarder le match des Canadiens avec la famille Grégoire. Merci à Megan pour la première période, à Jeremy pour la seconde, à Linda pour sa patience pour les essais d'installation de 18h45 à presque 19h30 (heure du Québec) et à Paul pour sa tenue d'occasion! Désolé...Vous n'aurez pas plus de détails à ce sujet! J'ai passé un très bon moment même si le Tricolore a perdu.







2.1- Il y a quelques jours, lors de l'événement «Émilie-a-mis-Vlad-en-rogne-mais-finalement-c'était-pas-ça-elle-ne-faisait-que-pleurer-pensant-que-nous-ne-viendrions-pas-ce-matin-là», Vlad, par l'entremise du téléphone et de Valentina, nous a annoncé qu'il commencerait à prendre ses distances et qu'il disparaîtrait dorénavant tout de suite après les exercices matinaux, afin que ce soit plus facile pour nous, pour Émilie et aussi pour lui. Nous avions compris alors, comme nous le pensions, qu'il était lui aussi attaché à la petite. Il ne voulait pas que l'on pense qu'il nous boudait. Derrière son armure de physiothérapeute rigide et demandant, nous savions très bien que se cachait un homme au coeur tendre.

2.2- Vendredi matin, nous étions dans la petite salle, celle où Émilie fait ses exercices tous les jours. Nous étions tous les quatre. Le petit-fils de la directrice, Richard, venait à l'occasion faire son tour dans la salle, car lui et Émilie s'entendent très bien. Chaque fois qu'il apparaissait, il y avait Vlad qui suivait... Je crois que sa tâche ce matin-là était de garder Richard...À un moment donné, Vlad est devenu l'homme qui se cache derrière Vlad... Les deux enfants étaient dans la piscine à balles et Vlad a commencé à leur en lancer. En quelques secondes, la guerre était déclarée et des balles de couleurs allaient et venaient dans tous les sens. Vlad, le professionnel sérieux, avait enfin une faille, pour moi une sorte d'hommage à la petite, comme pour lui dire au revoir. La bataille a duré plus de cinq minutes, durant lesquelles toute douleur ne comptait pas, incluant celle provoquée par le contact des balles et des pinces dans les cheveux d'Émilie! C'était la guerre, c'est tout. Les enfants contre les adultes, Arthur regardant tout cela se dérouler sans broncher. J'ai adoré ce moment parce que le contact passait enfin avec Vlad, pas par des paroles, mais, encore mieux, par un geste que j'ai, peut-être à tort, trouvé symbolique.

3- Samedi, Arthur est venu un peu plus vers moi. Ça fait du bien! Quelques danses loufoques, de la jonglerie, et le tour était joué!

4- En repartant de l'orphelinat (le matin), nous avons essayé un nouvel autobus, le 107. Nous croyions qu'il nous mènerait au même coin de rue que le 117 et le 151... Vous comprenez déjà par cette phrase que nous n'avions pas raison! Nous avons marché près de deux kilomètres pour rejoindre le point voulu. Nous sommes ensuite allés montrer le marché extérieur au couple de cousins. J'aime ce qui se passe: quand nous sommes arrivés à Lugansk, nous avons découvert la ville avec Lucie et Thomas, un autre couple d'adoptants québécois présents depuis une semaine. Ils ont maintenant quitté la ville, et c'est notre tour de faire découvrir certaines choses aux autres. Nous sommes, en quelque sorte, leurs guides. Lors d'un repas un peu modeste mais combien agréable dans une cafétéria (place où l'on peut pointer ce que l'on veut manger sans avoir à dire un mot!), j'ai grandement déçu notre nouvel ami Jean-Bruno. Il nous disait combien il était désapointé de ne jamais, en deux voyages au Canada, avoir vu un ours... Je lui ai répondu qu'en trente-trois ans de vie, je n'en avais pas vu non plus! Vous auriez dû voir sa gueule! Désolé J-B, il fallait que j'en parle! Après avoir pris le café et le dessert dans notre petit café simili français (Melange), nous avons repris immédiatement l'autobus. Grosse journée!

Monument quelconque (Lenin, nous croyons) pris en photo
lors de notre détour avec l'autobus 107
4- Durant la session de l'après-midi, Phil, l'Américain, avait amené son ordinateur avec une connection internet par ondes cellulaires. À coups de dix secondes, nous avons pu prouver à mes parents que nous étions vraiment en train d'adopter: ils ont vu des enfants vivants, des enfants qui bougent, une petite fille qui répète les mots entendus de la bouche de son futur-père: «Bonjour! Allô! Allô! Bonjour! Ça va bien?...» Très court mais quand même satisfaisant!

5- Samedi soir, c'était l'arrivée des renforts. Nous sommes allés chercher Louiselle à l'aéroport de Lugansk, situé à vingt minutes du centre de la ville. Cet aéroport fait le lien entre Kiev et Lugansk et entre Lugansk et Moscou. Vers 22h10, Bab (babouchka), apparaissait. Après deux photos de bienvenue, je me suis fait attaqué par une douanière en crise. Elle m'a tabassé et a détruit devant une foule en délire la carte-mémoire de la caméra. Bon, d'accord! J'exagère! Une dame m'a simplement fait comprendre d'arrêter. Louiselle est vivante! La turbulence de Montréal à Zurich a épargné sa vie!


6- De retour à l'appartement, un peu avant 23h00, je n'avais pas encore soupé. Le four pour Louiselle et moi, la bouilloire pour son thé, le chauffage d'appoint dans notre chambre...Ça saute. Plus de four, plus d'éclairage dans la chambre, plus de frigo, plus de chauffage dans la chambre. Résultat: frigo déplacé dans le couloir et branché dans la toilette, on gèle de nouveau durant la nuit. Ça s'est réglé en deux jours, entre deux remontrance comme quoi on chauffe trop et que c'est pour ça que ça a sauté. En Ukraine, si quelque chose ne fonctionne plus dans un appartement, c'est automatiquement la faute du locataire étranger! Lucie est aussi là pour confirmer.



7- Je laisse à ma belle-maman le soin de vous raconter ses rencontres avec les enfants. De notre côté, nous étions excités et émus de lui présenter nos trésors.

8- Dimanche soir, nous avons été invités à souper chez les Français. Ça a été une soirée très agréable. Nous en avons profité pour dire au revoir à Phil, qui quitte Lugansk demain matin (mardi) pour Kiev avec sa petite Lisa.






Arthur, 28 mois. Activité préférée: manger

Intense séance de cutex initiée par Bab lors de sa première
rencontre avec les enfants

Même moi, j'y ai participé...

Prout-prout sur la bédaine!

Louiselle et Arthur dimanche après-midi

Pas le droit de cochons dans les autobus, selon ce que nous comprenons...

Fait irréel: nous partons de l'orphelinat en autobus: huit passagés,
sept francophones et un anglo! Le bus nous appartient!


9- Aujourd'hui, la journée avec les enfants s'est très bien déroulée. Nous nous attachons de plus en plus à eux. Notre coup de coeur va à Émilie. Selon la routine de fin de séance, nous allons reconduire Arthur en premier. Nous essayons de rapprocher les enfants l'un de l'autre. Nous proposons toujours à Arthur de faire un câlin à sa soeur avant de disparaître derrière la porte de son local. Ce soir, après un premier câlin, Émilie a redemandé à son frère de s'approcher et lui en a fait un autre... On sent que quelque chose se passe dans sa tête et c'est très beau. C'est aussi bien spécial de constater à quel point elle comprend tout ce que nous lui disons, malgré la flagrante barrière de la langue.

10- Bon souper à la «maison» avec le couple français: patates pilées et poulet de Lugansk (qui remplaçait la dinde!».

Voilà! Pour de plus amples informations sur la journée de lundi et pour des réflexions plus brillantes, référez-vous au message ci-haut intitulé «Jour de Thanks Giving».

Bonne soirée à toutes et tous!

Ludo


2 commentaires:

  1. Enfin des nouvelles de vous (hi!hi!hi!) J'avais si hâte de savoir si la maman de Chantal allait bientôt arrivée. J'en ai justement parlé ce pm avec mon chum. Petit commentaire au sujet de Vlad : C'est vraiment une chance dans la vie d'Émilie de l'avoir eu. Avoir quelqu'un qui nous aime peut importe l'âge ou le moment de la vie, je crois que ça compte pour beaucoup dans l'épanouissement d'une personne. Connaissez-vous la date de votre retour?
    Gros bisous à vous tous!

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  2. J'ai été particulièrement frappé par le passage qui parlait de Vlad. Cela illustre bien l'attachement «paradoxal» que développent les intervenants de l'orphelinat pour les enfants.

    Je dis «paradoxal» parce que cet attachement est à la fois nécessaire et douloureux. Nécessaire parce que sans lui, les enfants ne feraient que dépérir dans une relation à sens unique, et douloureux parce que temporaire.

    Je n'ai vu ces enfants-là qu'en photos. Je ne les connais que par vos commentaires. Eux me connaissent de la même façon. Et pourtant, je sens déjà que je m'attache à eux.

    Alors je peux très bien m'imaginer ce que vit présentement Vlad, lui qui connaît Émilie depuis (quand?) longtemps et qui partage ses efforts jour après jour.

    Une bonne journée à vous quatre
    Je vous aime

    J. O'Nathan

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