mercredi 13 octobre 2010

Déjà 50 !

50 ans... Certains passent le cap du 50 ans avec un grain de sagesse, de fierté et d'autres, avec une tasse de déprime et parfois même d'amertume. C'est une toute autre histoire quand vient le temps de célébrer 50 ans de mariage... quoique, à bien y penser, pour certains, ce doit être la même chose. Enfin bref, nous avons, pour notre part, passer le cap des 50 visites à l'orphelinat lundi après-midi. Cinquante marrons recueillis, cinquante mailles tricotées, cinquante moments de bonheur, mais aussi cinquante séparations, cinquante promesses de se revoir et cinquante fois à rêver de traverser cette barrière à tout jamais. Le temps a passé si vite et notre famille, grâce à ces cinquante réunions, a su se tisser tranquillement.

Notre consolation lors de nos moments de départ est de constater l'effet de ces cinquante rencontres : quand vient le moment de se séparer, nous invitions Émilie et Arthur à partager un câlin afin de les amener, pas à pas, à créer une relation entre eux. Voilà que, lundi, en ce jour de notre cinquantième, Émilie a redemandé un deuxième câlin à son frère, au moment où il s'éloignait pour rejoindre son groupe. Les yeux mouillés, Ludo et moi avons partagé un regard au sein duquel on se demandait si c'était là le signe que nous avions réussi à se tricoter une petite famille...

Avec nos cinquante visites en poche, nous sommes, pour l'instant, les plus "vieux" de l'orphelinat. Nous serons les prochains à quitter l'orphelinat, laissant derrière nous plusieurs souvenirs, mais aussi, nos cousins français, J-B, Corinne, Karine et Philippe à qui nous voulons partager notre maigre expérience de la ville avant de quitter. 

En fait, nous ne faisons que poursuivre la lignée de bienfaits qui a été amorcée par nos amis Lucie et Thomas. Armés de leur expérience à Lugansk et de leur patience, ceux-ci nous avait partagé tous leurs petits secrets luganskais. À notre tour, en bons guides, nous partons à la découverte de Lugansk avec nos cousins français et Bab. Hier, nous avons profité d'un moment d'ensoleillement pour faire découvrir le marché public #2, le #1 étant plus haut dans la ville et davantage destiné à l'achat d'habits. Les allées du #2 sont beaucoup plus étroites et le matériel vendu beaucoup plus éclectique. Quand, au bout d'une allée Jean-Bruno m'a demandé ce qui se trouvait au fond, j'ai tenté de déchiffrer l'affiche et, fièrement, je lui ai répondu "une boucherie". "Et en haut, qu'y a-t-il, on peut y monter ?" Aucune idée. Fervents d'aventure, nous sommes donc partis, J-B en tête, oui, en fait le guide principal, Ludo, est quelque peu plus lent que le reste du groupe alors il ferme la lignée... d'accord, j'entends déjà les "oui, mais c'est aussi ça être un guide... s'assurer que touts les petits cannetons ne s'égarent pas"... c'est vrai.

Alors, au fond de ce marché, il y avait bien une boucherie, mais ce que nos yeux ont vu là dépassait de beaucoup tous les monuments ou les attraits "touristiques" de la ville... une vraie boucherie à la mode des années soviétiques. Une salle équivalente à trois gymnases, aucun frigo et des tas de viandes étalées et prêtes à être achetées. Comme quoi, même les guides peuvent découvrir d'incroyables trésors enfouis... il s'agit parfois de suivre l'initié. C'est toute la magie de l'accompagnement, mais ça, c'est un autre sujet et je ne m'égarerai certes pas dans celui-ci, car la dernière fois que je l'ai fait, ça a pris quatre ans et un peu plus de 200 pages...



Nous avons donc acheté du fromage au lait cru et une sorte de crème pour aller dessus. La dame m'a entretenue sur le sujet pendant plusieurs longues minutes, peut-être deux, mais le temps paraît plus long en russe. Mes hochements de tête et mes "Da, da" étalés ici et là dans la conversation laissaient présager au Groupe que je saisissais le contenu de celle-ci, mais mon "Sors l'argent Bab" un peu paniqué a vite fait de détruire cette illusion. Nous avons poursuivi notre visite du marché #2, découvrant et achetant quelques produits du terroir ukrainien.

En cette fin de journée, une question demeure : "Comment être guide sans s'épuiser ni se perdre soi-même?". Nous nous endormirons sur cette interrogation, trop fatigués pour y trouver une réponse convenable.

Mais avant de vous quitter, afin de célébrer nos 50 visites et pour vous remercier de nous suivre si fidèlement, nous vous partageons un petit film d'Émilie regardant l'album de famille avec papa. Après Fernande, Roland, Linda et Louiselle, à vous de voir Émilie en vrai, ou presque...
Dasvidanïa !
Chantal

2 commentaires:

  1. À mon réveil, j'ai eu la surprise de voir que le texte écrit par Ludovic contenant la vidéo invisible, avait lui-même disparu et faisait place à un écrit de Chantal. Encore une fois Chantal ton style m'enchante. Tu sais traduire avec une précision parfois déconcertante,ce que meuble votre vie quotidienne en Ukraine.Je peux te dire que bientôt, en 2013, ça fera 50 ans que j'ai fait ma promesse guide(scoute), et que j'ai commencé mon baccalauréat en enseignement, donc 50 ans à penser et à "jouer" avec les enfants.J'ai trouvé ça court et espère être là encore alerte 50 ans pour m'amuser avec Émilie et Arthur.Je serai peut-être un jour la plus vieille personne de la planète ayant oeuvré le plus longtemps en éducation.

    Fernande

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  2. Bonjour !
    Deuxième essai.
    Je suis la soeur de Denis et la belle-soeur de Florence. Je suis complètement accro à votre récit depuis deux semaines. J'adore votre écriture, on a l'impression d'être sur place, avec vous. Félicitations et beaucoup de bohneur avec Émilie et Arthur.
    Francine Leduc Brison

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